Nous vivons un moment important de l’histoire de Montréal. Le mardi 5 novembre 2024, des personnes masquées se tenaient près de l’entrée de la synagogue de la Congrégation Shaar Hashomayim, dans la ville de Westmount, et criaient des insultes aux personnes qui entraient. Comme l’a raconté le sénateur Leo Housakos, ces insultes comprenaient notamment « Mort aux Juifs ! » et, dans un cas, ont désigné une personne par son nom et lui ont dit : « Ce soir, Juif, tu vas mourir ! ».
La synagogue de la Congrégation Shaar Hashomayim se trouve dans une rue résidentielle tranquille. Les policiers de Montréal présents sur place ne sont pas intervenus et n’ont pas procédé à des arrestations. La police n’a pas appliqué un ordre de la cour selon lequel les manifestants doivent rester à 50 mètres de l’entrée des bâtiments de la communauté juive. La police a permis à la foule de perturber la paix dans un quartier résidentiel tranquille et d’intimider les personnes qui assistaient aux événements, y compris des familles. Nous avons envoyé un courriel au directeur du SPVM, Vincent Richer, pour demander une enquête complète et un suivi auprès de toutes les personnes qui ont été directement ciblées et qui ont fait l’objet de commentaires et de comportements haineux et violents.
Depuis plus d’un an, le chef de police Dagher a répété aux Montréalais qu’il ne voulait pas que la communauté juive soit empêchée – ou se sente empêchée – de poursuivre ses activités communautaires. Après les événements du 5 novembre 2024, ces propos sont difficilement conciliables avec l’inaction du SPVM qui a permis à la foule d’intimider les personnes présentes à un événement.
Depuis plus d’un an, des radicaux, sous le couvert de la cause pro-palestinienne, ont violemment attaqué des synagogues et des centres communautaires, ciblé des commerces appartenant à des Québécois juifs, harcelé des citoyens qui tentaient de se rassembler pour des événements communautaires et perturbé la vie universitaire. Aucun incident n’a peut-être suscité autant d’attention médiatique au Québec – et de condamnation – que l’appel à la violence et au meurtre lancé par l’imam Adil Charkaouia lors d’un rassemblement au centre-ville. Les procureurs ont choisi de ne pas l’inculper pour un crime.
Ce climat de haine met à l’épreuve la question de savoir si Montréal et le Québec sont des espaces où l’on peut élever ses enfants en toute sécurité. Trop de dirigeants politiques considèrent ces incidents comme isolés, alors que la communauté juive du Québec y voit, à juste titre, une série de violences visant à perturber la vie de la communauté et à l’intimider. Cette situation n’est pas propre à Montréal, car l’atmosphère de haine est également présente aux États-Unis, en France, en Grande-Bretagne et, plus récemment, dans les rues de la ville d’Amsterdam.
Si notre société juge à juste titre intolérable que des membres masqués du Ku Klux Klan crient des insultes à des Noirs (ou à des Juifs) entrant dans un lieu de culte, elle doit avoir la même réaction lorsque le même acte est commis par des personnes dont l’idéologie est différente mais tout aussi dangereuse.
Les tactiques d’intimidation et la violence dirigées aujourd’hui contre la communauté juive ne s’arrêteront pas là. Dans les universités, on empêche les orateurs d’exprimer des points de vue différents de ceux de l’orthodoxie universitaire. Les gouvernements à tous les niveaux doivent trouver des moyens de combattre la haine et de mettre fin à l’intimidation des citoyens par des acteurs malveillants.